La matinale organisée fin mars par le Conseil national des achats (CDAF) a permis aux intervenants d’expliquer l’impact des solutions technologiques dans la transformation des organisations. Amenées à informatiser davantage leurs processus, en particulier pour collaborer plus efficacement avec l’extérieur, les directions des achats ont un rôle à jouer dans le mouvement de digitalisation transverse.
Deux ans après le succès de la première édition, le CDAF avait choisi de renouveler, vendredi 24 mars, son événement consacré à la performance de la fonction achats à travers ses outils. Avec quelque 730 inscrits (deux tiers achats, un tiers direction financière), la conférence se tenait cette fois en matinée, sur une thématique élargie à la transformation de la fonction et au rôle des équipes achats dans la digitalisation transverse des organisations. Après une introduction rappelant les enjeux et les attentes métiers, les intervenants de la première table ronde ont fait le point sur les meilleures pratiques d’efficience et d’innovation aux achats.
« Depuis dix ans, la numérisation et la dématérialisation sont au cœur de l’évolution de la fonction, en particulier sur la partie facturation », a d’abord rappelé Joël Aznar, président du groupe d’étude et de benchmark du CDAF consacré au SI achats, par ailleurs en charge de la gouvernance des master data de la fonction achats chez Schneider Electric.
« Aujourd’hui, nous assistons à une digitalisation complète, qui s’étend à toute l’entreprise, avec des enjeux en termes de processus, de technologies, de données et de compétences ».
Dans ce contexte, les achats doivent non seulement s’appuyer davantage sur les nouveaux outils numériques mais aussi être à même d’accompagner le mouvement de manière transverse. « L’accélération que nous appliquons à nos clients, avec de nouveaux outils et des services en ligne, nous devons l’étendre à nos fournisseurs », a illustré Maxime Genestrier, secrétaire général du Groupe Crédit Agricole, en charge du suivi des dépenses, de la mesure des risques et du déploiement des SI achats et procurement.
Cette digitalisation transverse des organisations, étendue aux acteurs extérieurs, amène une autre question : faut-il rapprocher les référentiels clients et fournisseurs, voire les systèmes de CRM et SRM ? « Une chose est sûre, a insisté Joël Aznar, la donnée devient un enjeu majeur, qui suppose la mise en place d’une équipe dédiée en lien avec les métiers, et voit se développer un nouveau spécialiste : le Business information officer ». Ainsi que, au niveau supérieur, la généralisation du Chief data officer, un autre CDO après le Chief digital officer. Sur le plan technologique, les solutions d’intelligence artificielle vont jouer un rôle déterminant dans ce domaine. Pour explorer et exploiter les données de manière plus efficace, comme l’ont souligné Patrick de Coucy (BravoSolution) et Patrick Chabannes (Determine), qui considère que « le big data et le machine learning sont les grands enjeux de 2017-2018 ». Ou « pour détecter et corriger des erreurs dans les master data », selon Erberhard Aust, PDG de SynerTrade.
Revenant à des considérations plus générales, Martial Gérardin, directeur général Europe de Perfect Commerce, a précisé que « la digitalisation modifie surtout le métier des acheteurs, qui deviennent des stratèges dans un objectif d’excellence opérationnelle ». En particulier vis-à-vis du monde extérieur, avec lequel « la collaboration change drastiquement, facilitée par la montée en puissance des business networks ». Pour Maxime Genestrier « il faut en tous cas profiter de la transformation digitale pour faire monter les acheteurs en valeur ». Et déployer les outils e-achats sur le périmètre le plus large possible, débordant sur les fonctions connexes. Questionnés sur les critères de choix d’une solution, au-delà de la couverture fonctionnelle et du coût, les éditeurs ont unanimement cité la pérennité ou la facilité de déploiement. « Attention au manque de clarté dans les cahiers des charges », a complété Patrick Chabannes, avant que Patrick de Coucy insiste sur l’importance des services complémentaires (paramétrage, développement, mise en œuvre, support, etc.) et donc la qualité des équipes.